Les trackers : ces outils qui nous obligent à quantifier le quotidien

Les trackers : ces outils qui nous obligent à quantifier le quotidien
Les trackers, ces objets connectés et autres applications de suivi ne cessent de se multiplier dans tous les domaines, aboutissant à une véritable quantification des activités quotidiennes, qui n’est pas sans danger.
La multiplication des trackers d’activités
Les bracelets connectés envahissent le quotidien. Les applications quantifiant et analysant les données personnelles s’insèrent dans les moindres détails de la vie, calculant les calories brûlées, les pas effectués, les cigarettes fumées, le temps de sommeil jusqu’au temps de brossage des dents.
Les objets connectés se développent de plus en plus, du biberon calculant la durée des repas et la vitesse de tétée de bébé à la fourchette mesurant ce que l’on mange et à quelle vitesse, en passant par les classiques podomètres, prêt à nous faire culpabiliser si nous n’avons pas atteint les 10 000 pas journaliers recommandés et les 5 fruits et légumes obligatoires.
Plus rien ne reste intime et sans surprise avec les applications qui nous aident à surveiller les cycles menstruels de nos amies, la fréquence de rapports, le tout connecté à notre agenda virtuel pour nous indiquer quand on peut avoir envie, ou pas…
Tout devient prétexte à mesure, mais surtout à comparaison et à compétition, avec soi-même ou avec les autres. Des travers qui ne sont pas sans risques.
Les risques des trackers
Destinés, à l’origine, à permettre à leurs utilisateurs de mieux maîtriser leur corps et leurs différentes activités quotidiennes, ces objets et applications ne sont pourtant pas sans effet délétère. En effet, vouloir atteindre ses objectifs, rester dans la norme peut vite devenir une véritable obsession. L’idée de maîtrise devient tellement prégnante que ces objets, dont l’objectif affiché est d’améliorer la qualité de la vie, pourraient aboutir au résultat inverse. A trop vouloir transformer chaque activité courante en chiffres et statistiques, on en annihile, finalement, toute idée de plaisir, pour en faire un simple devoir de plus. Ainsi, manger, faire du sport, voir ses amis et ses amies devient une source constante de questions « En fais-je assez ? », « Suis-je le meilleur ? », « Dois-je avoir honte d’avoir des résultats moins bons que ce de moins voisin ? ». Jalousie mal placée et comparaisons biaisées deviennent rapidement nos pires ennemies.
En outre, la question même de la divulgation de ces données, souvent très personnelles (notamment en termes de santé ou d’intimité), est encore très floue et susceptible de dérives : interception par des personnes malveillantes, piratage informatique, marchandisation, exposition accrue de la vie privée… A une époque où le harcèlement moral sur la toile devient un vrai problème de société, il serait donc bien dommage de se laisser se faire dénigrer… par nous-même.